CASABLANCA'S BURNING


Une monarchie, une situation sociale qui frôle la rupture, une jeunesse à cran et avide de changement…Cela sonne comme une formule qui aurait déjà fait ses preuves n’est ce pas ? Seul le décor n’est pas le même, ici ce n’est pas Big ben mais les minarets qui s’érigent vers le cie,l et c’est un soleil de plomb se substitue à l’éternel crachat londonien. Bref, bienvenue au Maroc où une poignée de kids s’efforcent à faire vivre une scène punk rock qui à défaut d’être prolifique se veut audacieuse.  


Tu peux te présenter ? Comment à tu commencé à écouter du punk rock ?
Je suis Khalil, je joue dans deux groupes de hardcore et dans un troisième de punk rock, et je suis l'un des rares punks qui se trouvent au Maroc. Le punk rock m'a attiré lorsque J'avais marre des morceaux sans aucun sens, j'ai cherché des morceaux qui exprimaient ma colère envers la société et tout ce merdier dans lequel on vit, et c'est là que j'ai commencé à écouter le punk rock qui me donnait l'impression que chaque morceau parlait de moi et disait exactement ce que j'avais besoin de dire. Jai découvert le punk par le net, À vrai dire je connaissais déjà du monde qui prétendait être punk, mais donnait une fausse image du style,  mais grâce à internet, j'ai découvert le vrai sens du punk.

Qu’est ce qui t’as donné envie de jouer dans des groupes ? Tu peux me les présenter ?
J'ai toujours voulu jouer dans un groupe de rock même avant de découvrir le punk, mais je ne trouvais pas de musiciens
avec qui je partage les même gouts musicaux, du coup, je jouais juste avec quelques potes juste pour le fun. Mais avec les gars qui jouent avec moi dans riot stones, après un mois de repets j'ai su que c'était du sérieux, on a pris le groupe au sérieux et on faisait de notre mieux pour évoluer, puis on est passé par plusieurs genres avant de nous retrouver dans le punk hardcore, et c'est comme ça que tout a commencé.

Riot stones Est un groupe de new school et old school hardcore punk au même temps, The protesters est punk rock et ska punk. Et le groupe que je viens d'intégrer Mean street est un groupe hardcore.

Comment ça se passe pour vous en tant que groupes, vous trouvez facilement des endroits pour jouer ? Pour enregistrer ? Y a-t-il un public ?
On a vraiment pas beaucoup d'opportunités pour jouer dans des concerts, y'a rarement des concerts ici, on aimerait jouer ailleurs mais on doit avoir des morceaux enregistrés, ce qui n'est pas facile avec les prix d'enregistrement dans les studios. Et pour le public y as vraiment pas beaucoup de gens qui aime le punk la plupart c'est des metalheads. 
En fait ça dépend, y a des fois ou y a 300 personnes et d'autres fois, seulement 30, mais l'important c'est qu'on s'amuse à chaque fois. Et nous ne jouons pas beaucoup en dehors de Casablanca, depuis que le groupe s'est fondé jusqu'à ce jour, on a fait 2 concerts ailleurs. L'un a Tiflet l'autre à Marrakesh, et samedi prochain, on joue à meknes.

Tu peux me dresser un portait global de la scène punk rock au maroc ? Depuis quand existe-t-elle ? Combien y a-t-il de groupes ? y a-t-il un réseau, de l’entraide ?
La scene punk a vu naissance au maroc Dans le début des années 2000, et il y a que 4 groupes punk ici jusqu'à ce jour. Il y a deux groupes de punk rock, the protesters, dont je fais partie à casa, et des pottes de rabat, tachamarod, les deux autres groupes Riot stones et worm sont hardcore punk et sont aussi de casa. Ce qui manque dans la scene punk au Maroc c'est l'unité, il faut qu'on s'unissent pour qu'on puisse tous avancer, mais malgré tout on est de très bons potes, on sort et on s'amuse quand on peut, c'est juste que chacun est occupé avec les études ou le boulot... du coup, personne n'a assez de temps pour organiser un quelconque festival.En ce qui concerne l'aide, à part les ptits coups de pouce que se donnent les groupes entre eux on n’a absolument rien, à part l'aide de l'association l'boulevard qui est une association culturelle à but non lucratif, et qui œuvre pour la promotion et le développement de la culture urbaine. Après Je pense que si on a pas beaucoup de groupes dans le genre, c'est que beaucoup de punk au Maroc ne sont pas musiciens, rares sont ceux qui jouent d'un instru et peuvent composer de la bonne music. 

Êtes-vous en liens avec d’autres mouvements artistiques contestataires ?
On en entend parler mais on n’a jamais eu l'occasion de se réunir. Il y a des rappeurs comme Mouad Elhaked qui vient de passer un an ou plus de prison car il a critiqué le roi, il y a l'bassline des rappeurs et il y a Younes Benkhdim un magnifique poète.

Comment cela se passe t-il pour vous par rapport aux autres gens ? Subissez-vous une répression artistique et culturelle ?
Les gens parlent dans nos dos, et nous regardent Comme si nous étions des extraterrestres, ils nous traitent de gays, de satanic, et tout un autre bordel. Ils ne comprennent pas et ne comprendrons jamais, mais même s'ils font de leur mieux pour nous faire tomber, on est assez fort Pour lutter. En gros ils nous insultent tout le temps, même qu'une fois, alors que j'attendais le bus à l'arrêt, le chauffeur du bus ne voulait pas s'arrêtait juste parce que je mets des écarteurs. Il a dit de la fenêtre que ce que je mets c'est pour les filles, il a de la chance que je n’avais pas trouvé de pierre à coté, je lui aurais cassé son foutu pare-brise avec.

As-tu constaté un changement au niveau social suite aux événements de 2011 ? Dans quelle mesure la communauté punk rock à pris part à ce mouvement de contestation ?
2011 A connu la naissance du mouvement 20 février, depuis, plus de gens osent parler de politique et critiquer le roi, mais cela n'empêche qu'on reste une minorité. Je pense que the protesters et riot stones sont parmi les rares groupes qui osent en parler dans leurs morceaux, les autres groupes parlent d'autres trucs. Après on participe aux manifestations quand on peut, pas nous tous mais moi oui en tout cas.

Ce mouvement est-il encore actif maintenant ?
Oui le mouvement 20 février existe toujours mais comporte peu de gens, d'autre part, le gouvernement et le roi restent les plus fort, on a besoin de plus de support de notre coté.
Les gens ne se sont jamais calm,é c'est qu'ils n'osaient pas défouler leur colère, mais la première manifestation nous a tous motivé après.

Un dernier mot !
Le maroc, c'est le pire pays où l'on peut résider.

RIOT STONES
THE PROTESTERS